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· fontenoy
· tomblaine
Date de création : 20.09.2012
Dernière mise à jour :
20.09.2012
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Et voilà comment je me suis retrouvée par un jour d’avril 1962 à Nancy au 28, rue du Pont mouja à quelques centaines de mètres de la place Stanislas, dans un appartement d’une pièce que nous devions partager à trois : ma mère, son compagnon Henry et moi. J’allais passer là cinq années qui n’auront rien à voir avec ma vie à Tomblaine.
pendant tout le temps ou j’ai vécu chez elle les brimades étaient quotidiennes.
Rien n’avait été prévu pour mon arrivée, pas même un lit, je passai ma première nuit couchée par terre sur une couverture avec un manteau en guise d’oreiller et une autre couverture pour me couvrir. Ce qui aurait pu être du provisoire dura tout le temps que j’allais vivre avec eux , jusqu’au 24 juin 1967. Oui j’ai passé cinq années à dormir par terre sur une couverture, sans matelas, sans rien.
Une des premières choses que fit ma mère ce fut de me faire couper mes grands cheveux pour une coupe à la garçonne , j’avais honte de mon apparence, ensuite ce fut de m’enlever les boucles d’oreilles que ma grand-mère m’avait offertes et fait poser.
Ce que je ne savais pas c’est que j’allais vivre là les pires humiliations de toute ma vie.
Il fallut bien retourner à l’école , et ma mère m’avait inscrite à l’école libre St Léon, je n’avais pas de copines, pas de repères rien, je devais aussi faire mon entrée à la garderie des chaussures andré ,avenue de boufflers, l’usine ou ma mère travaillait .cette première journée je m’en rappelle encore, là aussi je ne connaissais personne, je venais manger et je repartais pour l’école, et je devais passer aussi mes jeudis et les vacances scolaires tout le temps ou je suis restée à Nancy.
La garderie des chaussures andré, était un établissement qui prenait en garde les enfants du personnel de l’usine de 3 à 14 ans. Là bas il y avait des adultes qui étaient censés s’occuper de nous. Il y avait Mme Jérôme dont je parlerai plus loin, c’était une femme fière et hautaine qui n’hésitait pas à montrer ses préférences pour les uns ou les autres, quand elle pouvait me rabaisser elle s’en donnait à cœur joie .et puis il y avait Mme André , c’était une femme gentille mais qui n’aurait jamais voulu se déssolidarisée de sa supérieure Mme Jérôme. Mais je l’aimais bien malgré tout, quand on avait la chance que Mme Jérôme soit absente ce qui arrivait assez fréquemment, la garderie c’était géniale.
Et il y avait mademoiselle Gilberte, A Mademoiselle Gilberte qu’elle aimait bien les gamins que nous étions, c’était une demoiselle mais une femme de déjà un certain âge ,peut être une petite quarantaine, c’est avec elle que nous faisons le plus de choses, les parties de balles au prisonniers, les grandes balades dans les bois ou nous jouions au gendarmes et aux voleurs, nous allions aux jonquilles ,au muguet , nous allions aussi au parc sainte Marie, et à Brabois à la chapelle ou nous passions de grands moments à chercher des petits cailloux en forme d’étoiles.
L’hiver parfois on nous passait un film.
Tous les midis en arrivant de l’école pour manger, il fallait aller avec la charrette et mademoiselle Gilberte chercher notre repas à la cantine de l’usine qui n’était pas très éloignée. Le jeudi et les vacances il fallait aider à la vaisselle, quand j’ai été la plus grande de la garderie j’aimais beaucoup m’occuper de faire le ménage en récompense je pouvais prendre ma douche là bas, ce que je n’avais pas à la maison.
Les plus grandes filles s’occupaient des plus petits.
La garderie a fait partie de ma vie tout le temps où je suis restée à Nancy.
Ma mère n’a jamais voulu de moi et le fait de m’avoir récupéré n’a rien arrangé, elle n’avait aucun geste tendre envers moi, elle ne m’a jamais embrassé
En septembre 1962, j’ai fait ma rentrée à l’école Guynemer rue St Léon, chez Mme Rémy en cm2, cette personne était d’une méchanceté rare. Comme j’étais passé du ce2 en cm2 , bien évidemment je ne suivais pas , alors elle m’a prise en grippe. Des réflexions, elle me mettait au fond de la classe, ne m’interrogeait jamais, sauf quand elle savait pouvoir me prendre en faute, elle s’en donnait à cœur joie avec moi parcequ’elle avait compris que ma mère n’interviendrait jamais. A cette époque mes copines avaient fait une collecte pour moi de jouets entre autre, quand j’ai ramené tout çà à la maison ma mère a tout jeté à l’exception d’un cartable que mon beau père a pris pour lui. J’ai bien entendu raté cette classe et on a proposé une classe de rattrapage.
Chez moi ce n’était pas la joie, me mère rouspétait si je lisais , les livres de la bibliothèque de l’école ou des magazines que des copines me donnaient, elle ne voulait pas que je lise. Pour les devoirs c’était la panique, elle me faisait peur, il fallait que je sache mes leçons par cœur, si je loupais un mot ou trébuchait sur autre c’était une claque assurée, idem pour les récitations, si je ne m’arrétais pas à une virgule, plus longtemps à un point , c’était des crises avec les coups au final, je me suis vu rester debout au milieu de la pièce jusqu’à passé minuit pour apprendre une leçon que bien évidemment dans ces conditions je ne retenais pas, pendant qu’eux étaient couchés.
Les samedis je n’aimais pas montrer mon cahier du jour à signer, bien ou mal de toute façon c’était des critiques. Quant au cahier de composition, c’était pire, cette année là je devais être dans les dernières mais j’étais au cm2 alors que je n’avais pas 10 ans.
Bien sur , je devais aussi faire les courses le soir en rentrant de l’école, tous les soirs j’allais chez Gaulard , rue St Nicolas acheter leurs litres de vin , en moyenne 2 par soir, et bien plus pour le week end.
Je devais aussi aller acheter en hiver le charbon qui se vendait à l’épicerie par sac de 5 ou 10 kg. Je ramenais 10 kg par soir que je devais monter au 2 ieme étage. Dans la rue il y avait une femme qui était toujours à sa fenêtre et chaque fois que je passais elle disait toujours « tiens voilà la Cosette ».j’ai compris bien des années plus tard.
Un soir que je rentrais de l’école et que je devais comme à l’accoutumé me rendre à l’épicerie, ,il y avait un représentant à la maison, ma mère cherchait de la monnaie à me donner, je partis donc chercher ces litres de vin, mais en revenant je dis à ma mère qu’il manquait 50 centimes, bien sûr je me suis fait hurler dessus, et bien plus tard dans la soirée, ma mère m’a demandé d’aller effacer les volets du bas de l’immeuble dont je me servais comme tableau, je vais donc tirer un chiffon de derrière le buffet où ils étaient habituellement rangés, et là en prenant un chiffon la pièce de 50 centimes est tombée, j’ai eu beau juré mes grands dieux que ce n’était pas moi, j’ai pris une raclé magistrale avec en prime un coup de couteau dans la paume de la main.
Le jeudi ma mère me préparait l’argent sur la table pour payer la garderie avant de partir prendre son bus pour aller au travail. Je prend donc mon porte monnaie sans regarder dedans, et j’arrive à la garderie et au moment de payer , pas d’argent dans le porte monnaie, encore une fois j’ai eu beau juré que ce n’était pas moi, là encore j’ai eu la raclée du siècle.
Quand je n’allais pas à l’école le samedi, elle voulait que je balaie , mais comme je ne tenais pas le balai comme elle voulait une fois elle m’a cassé le manche à balais sur le dos.
La plus grande humiliation pour moi c’était d’aller tous les matins vider dans les toilettes de la cour leur seau hygiénique, le leur car je n’avais pas le droit de m’en servir, je devais descendre dans les toilettes de la cour, et j’avais peur la nuit. C’était répugnant et j’ai fais çà pendant des années jusqu’à ce que je m’en aille de chez eux..
J e suis arrivée à l’âge de faire ma communion privée, j’étais seule elle n’avait pas voulu venir
A la garderie les monitrices aussi aimaient bien m’humilier surtout une : la directrice .Madame Jérôme, tout était bon pour me rabaisser devant les autres, c’était des réflexions désobligeantes, j’avais grandit et ma mère ne voulait pas entendre parler de soutien gorge alors un jour elle m’en a donné, ma mère a mal pris la chose, une autre fois elle m’a donné des bottes blanches en taille 38 ,je chaussais du 35, j’ai mis du coton au bout mais quesque j’ai souffert, mais ma mère pensait que je m’étais plainte et du coup elle m’a obligé à mettre ces bottes tout l’hiver .tout çà parcequ’elle avait refusé de m’acheter des chaussures de saison.
De la part de cette personne ce n’était pas de la compassion, mais uniquement pour m’humilier devant les autres enfants.
Une année ma mère m’a acheté une pélèrine, et les enfants dans leur cruauté n’ont pas trouvé mieux que de me la couper tout du long dans le dos, bien sur j’ai eu droit à ma raclée et par-dessus la pélèrine a été recollée, comme j’avais honte.
J’ai compris une chose c’est que quand vous êtes en situation de faiblesse les gens vous enfoncent encore plus. Beaucoup de personne m’ont fait du mal ou bien m’ont humilié sachant que les parents ne viendraient pas demander des comptes.
Le jeudi soir j’allais la chercher à la sortie de l’usine, elle était toujours pressée, et ne m’accordait aucun regard aimable, moi je n’attendais qu’un sourire qui ne venait jamais.
Avec l’usine nous pouvions aller en colonie de vacances à Plombière les Bains et ma mère m’y envoyait systématiquement pendant son mois de congé, mais çà m’était égal, je m’y plaisais beaucoup à cette colo, là pendant un mois j’avais un lit pour dormir, les monitrices étaient gentilles avec moi et j’avais mes copines, j’y ai passé de super moments, c’était vraiment des vacances.
La colonie se passait dans un château pour les filles et un autre bâtiment pour les garçons, de l’autre côté de la route. J’adorais partir là bas, j’y suis allée de 1962 à 1967.
C’était toujours une joie le matin du départ, je retrouvais mes copines de la garderie, et nous investissions le bus, je ne pensais même pas à dire au revoir à ma mère. Je savais que tous les ans pour le mois d’aôut je partirais à la colo.
Bien sûr comme nous investissions le bus nous faisions la même chose au château pour l’attribution des chambres, tout le monde nous connaissait au fil des ans, c’était mon paradis, déjà là j’adorais les sapins ,la forêt. J’aimais aussi les veillées, les feux de camp. Il y avait aussi la journée des parents, ma mère et mon beau père sont venus une fois ou deux , j’étais toujours un peu triste , mais pas trop car je n’étais pas la seule à n’avoir pas de visite. Pendant un mois j’étais heureuse . Et puis bien sur tout à une fin et il fallait bien rentrer .là c’était les grandes eaux, je pleurais , je n’avais pas envie de rentrer. Quand le bus arrivait à Nancy je retrouvais ma mère toujours pressée, moi je lui ramenais des bouquets de bruyère, mais bien souvent elle trouvais quelque chose à me reprocher, ma valise mal rangée, un vêtement abimé.
Pour partir elle me donnait toujours un peu d’argent, seulement une année avec cette argent je me suis acheté une poupée, quand je suis rentrée chez moi j’ai pris un savon, car je n’avais pensé qu’à moi.
Je garde une grande nostalgie de ma colonie de Plombière les bains, a tel point que dès que mon fils a eu son permis il m’a emmené revoir les lieux, mais ce n’était plus une colonie çà avait été racheté par un particulier. Je trouve çà dommage car c’était un magnifique endroit pour les enfants que nous étions.
A l’école j’avais fait ma classe de rattrapage avec Mme François, çà c’était super bien passé, ensuite je suis passé en cm1 avec une maitresse qui me faisait peur au début tant elle était rébarbative, et pourtant il s’est avéré que c’était une super institutrice , avec elle aussi je travaillais bien, je me tenais toujours dans les 3 premières, mais pour ma mère ce n’était jamais suffisant. j’ai ensuite réintégrée la classe de cm2 de cette Mme Rémy qui bien entendu à recommencé ses humiliations à mon égard, elle m’avait d’emblée mise au fond de la classe et ne m’interrogeait jamais. Mais dans l’année elle est tombée malade et est restée absente pendant de longs mois, nous avons donc eu une remplaçante qui m’a remis avec les autres élèves et s’est occupée de moi comme des autres enfants, et les résultats ne se firent pas attendre. Quand Mme rémy repris sa classe elle fut impressionné par mes résultats et ne put faire autrement que de le reconnaître, mais ce qu’elle me reprochait c’était de ne pas participer au cadeau de fin d’année, car c’était la règle que les élèves fassent un cadeau à la maîtresse pour la fin d’année scolaire, elle embrassait tout le monde sauf moi.
J’avais tellement bien travaillé qu’on me fit passer une classe et intégrer directement la classe de mon certificat d’étude j’avais 13 ans et j’avais rattrapé mon retard.
Chez moi les choses ne s’arrangeaient pas, c’était toujours pareil, en hiver ma mère et mon beau père aimaient aller au théatre avec des amis , si elle était dans de bonnes dispositions elle me donnait de l’argent pour aller au cinéma à Tomblaine ou je retrouvais mon copain Louis, ou alors au cinéma de mon quartier., mais si elle me reprochait quelque chose, là elle m’attachait la cheville avec une ficelle et l’autre bout attachée à son lit, je ne pouvais même pas aller au toilettes j’étais attachée. elle ne voulait pas que je sorte. Elle m’attachait parcequ’une fois j’ai voulu me laver les cheveux, et quand elle s’en ai rendu compte j’ai nié de peur de me faire frapper, mais c’était flagrand donc j’ai reçu ma raclée quand même.
J’avais quand même dans tout çà de bons moments, il y avait le défilé de St Nicolas dans les rues de Nancy auquel j’assistais. La foire avec tous ses manèges à laquelle elle m’emmenait parceque çà lui plaisait aussi et que les forains nous donnaient par le biais de l’école des tickets demis tarifs pour le jeudi. Et puis j’avais des copines quand même que je voyais à l’école ou à la garderie.
En septembre 1966, j’entrais en 5 ieme de transition avec Mr Moine au collège guynemer, j’avais 13 ans. Je travaillais plutôt bien, même si mon instituteur avait remarqué que je travaillais mieux en classe que sur mes devoirs à la maison..C’était un homme remarquable bon et gentil, qui aimait ses élèves et ne faisait pas de différence.
A la maison rien ne changeait sauf que je commençais à me rebeller. Mon père n’était pas mon père, je commençais à me poser des questions concernant mon père biologique, je l’imaginais comme un grand seigneur, pour moi c’était la faute de mon beau père si mon vrai père ne venait pas nous chercher ma mère et moi ; les tensions étaient palpables. En janvier 1967 a quelques jours de mes 14 ans, un soir ma mère a commencé à me taper dessus à me tirer par les cheveux, je ne sais plus pourquoi, j’ai réussi à me dégager et à me sauver dans les rues de Nancy sans manteau. J’ai erré dans les rues pendant des heures, j’ai tourné longtemps autour du commissariat de la rue de la visitation ou j’avais peur de rentrer. Ce soir là pour la première fois j’ai eu envie de me suicider en me jetant dans la meurthe. La nuit tombait et j’avais peur , j’ai toujours eu peur de la nuit , encore maintenant je suis comme çà. Je suis revenue dans ma rue vers la porte de mon immeuble , mais c’était fermé et j’avais tellement peur d’elle.les heures ont passées, j’avais froid, j’avais peur. Il devait être environ 23 heures quand d’un immeuble voisin est sortit un camarade de classe accompagné de son père, celui çi m’a demandé ce que je faisais là à cette heure sans manteau, j’ai tout raconté, il a frappé à la porte et ma mère est venue ouvrir, elle m’a attrapé sans un mot ni un regard pour ce monsieur, mais elle a déversé sa rage sur moi , je crois qu’à ce moment elle m’a démonté l’épaule tellement elle m’a tordu le bras.
L’histoire aurait pu s’arrêter là , seulement le père de ce camarade , je le saurai après était policier.
A quelque temps de cette histoire ma mère reçu une convocation au commissariat, elle était persuadé que j’avais fait un vol ou autre chose dans les magasins pendant la période de Noël, je lui jurai mes grands dieu que non. Elle se rendit au commissariat et là , on lui remit une autre convocation en main propre mais du juge des enfants. Cette fois ci c’était sûr j’avais fait quelque chose de répréhensible pour être convoquée par un juge. Donc en attendant la date de notre audition elle m’a harcelé étant persuadé que j’avais fait quelque chose de mal.
Dans l’entre fait , j’ai été convoquée au bureau du directeur de mon école, là il y avait une femme qui m’a posé des questions, du genre ce que j’aimerais faire ou avoir. Moi je répondais que j’aimerais pouvoir avoir les cheveux longs, me mettre des bigoudis, m’acheter les magazines de salut les copains ou mademoiselle âge tendre que les copines me prêtaient à la garderie, mais j’aurais voulu les avoir pour moi, pour faire comme les copines : se faire des cahiers avec mes chanteurs préférés et les chansons qu’on découpait sur les magazines en question.
Et puis un jeudi matin, nous nous sommes retrouvées dans la salle d’attente du tribunal pour enfant de Nancy place carrière, nous attendions depuis un moment quand un petit homme sortit de son bureau, il nous demanda qui nous étions, et après avoir dévoilé notre identité, il nous dit que nous nous étions trompés de jour ,que notre convocation était pour le jeudi suivant, ma mère lui demanda quand même la raison de cette convocation, il nous toisa ma mère et moi, je le trouvais effrayant et j’avais peur, ma mère m’avait tellement mis dans la tête que si nous étions convoquées c’est que j’avais fait quelque chose de mal , que j’étais persuadée d’être coupable de quelques méfaits mais sans savoir lesquels.
Le juge me regarda et me dit « tu sais ce n’est pas après toi qu’on en a , tu ne dois pas avoir peur »là-dessus ma mère monta sur ses grands chevaux et lui lança au visage « alors c’est après moi, est ce que je serais une mauvaise mère ? » la réponse ne se fit pas attendre il lui rétorqua « peut être madame ».Nous sommes donc repartit ,pour revenir la semaine suivante, pendant cette semaine ma mère fulminait , elle disait que je m’étais plainte que j’allais voir ce que j’allais voir.
Le jeudi suivant nous nous donc retrouvées pour la deuxième fois dans la salle d’attente du tribunal, cette fois le juge appela ma mère seule dans son bureau, j’étai terrifiée car derrière cette double porte capitonnée j’entendais crier, quand ma mère sortie elle me lança un regard qui en disait long sur sa hargne contre moi, j’entrai à mon tour dans le bureau de ce juge que je ne verrai en tout que deux fois, il me posa des questions dont je ne me souviens plus du contenu.
L’affaire aurait pu en rester là , mais une éducatrice Mme Henrion fut mandater pour venir chez nous et évaluer la situation, elle a demandé à ma mère de me trouver un lit ce que ma mère ne fit jamais, pendant des mois ma mère me fit payer cette visite au juge, qui selon elle venait de moi, pour elle je m’étais plainte, et bien j’aurais des raisons de me plaindre.
Et puis la décision tomba, on me retirait à la garde de ma mère, mais comme c’était l’année de mon certificat d’étude on décidé de me laisser jusqu’à ce que je le passe en juin. Ce fut une période très difficile pour moi, elle me faisait payer ce qu’elle considérait comme une injustice.
Les mois ont passé dans un climat des plus lourds, et puis elle n’avait qu’une idée : que je rentre à l’usine avec elle dès mon certificat passé, seulement mon instituteur Mr Moine, lui dit que ce ne serait pas possible la loi sur la scolarité jusqu’à 16 ans était entrée en vigueur et j’étais concernée, ma mère ne voulait rien entendre.
A cette époque je pense qu’elle était en sursis , si elle avait fait un minimum d’effort me concernant je n’aurais pas été retirée à sa garde, mais pour elle tout était de ma faute et elle me le faisait payer.
Il arriva donc ce qui devait arriver, la décision tomba de me faire quitter Nancy et ma mère.
Je passai donc mon certificat d’étude sans grande confiance en moi, elle me disait que je n’étais qu’une bonne à rien et que je n’aurais pas ce diplôme. Pourtant le jour de l’examen dans la matinée la directrice est venue nous trouver en nous explicant l’épreuve de math que nous venions de passer et miracle je me rendais compte que j’avais tout réussit. C’était la matière qui me faisait le plus peur, je n’avais pas peur du français. Je suis sortit d’une journée d’épreuves toujours avec se manque de confiance en moi.
Il fallu attendre une bonne semaine pour avoir les résultats, c’était le samedi 17 juin, je me rendis à l’école pour voir les résultats, avant mon arrivée au tableau d’affichage , mes copines m’avaient déjà annoncé que j’avais mon certificat d’étude, j’étais tellement contente que je courus l’annoncer chez moi, si mon beau père me félicita en me donnant une pièce de cinq francs, pour ma mère la seule réflexion dont j’ai eu droit c’est « ce n’est pas de ta grâce si tu l’as eu » ce jour là ma tante, la sœur de ma mère était venue nous rendre visite et bien sûr nous annoncer que ma cousine qui a trois jours de plus que moi avait elle aussi réussit son examen. Pour ma mère Agnès s’était très bien, pour moi c’était autre chose, j’étais tellement malheureuse, je pensais lui faire plaisir.
Le samedi suivant le 24 juin 1967, je quittais définitivement Nancy et ma mère, pour n’y revenir qu’épisodiquement .
Ce jour là , j’avais le sentiment que ma mère était contente de se débarrasser de moi.
Quant à moi, je pleurais je ne voulais pas la quitter ni quitter ma ville, ma vie. Avant de partir le juge a demander à me revoir, je ne me souviens plus de ce qu’il m’a dit , ce que je savais c’est qu’on ne m’avait pas demandé mon avis qu’on m’arrachait à ma mère que malgré tout j’aimais.
Nous avons rejoins l’éducatrice Mme Henrion devant la cathédrale de Nancy , je dis au revoir à ma mère sans vraiment me rendre compte de ce que tout cela allait représenter pour moi dans les années à venir. E t voilà comment ce samedi de juin je quittais ma vie pour en commencer une autre à Besançon dans un pensionnat : le Refuge.
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